Au-delà du mal

Shane Stevens

Sonatine éditions

  • Conseillé par
    31 août 2011

    Du bon et du moins bon

    J'ai choisi ce livre parce qu'il avait des arguments de vente très aguicheurs : livre maudit qui a attendu près de 25 ans avant d'être publié , présenté comme l'un des livres fondateurs du roman de serial killer, avec Le Dahlia noir, de James Ellroy, et Le Silence des agneaux, de Thomas Harris...Mon enthousiasme est plus tempéré.

    Nous suivons donc l'histoire de Thomas Bishop, pourquoi et comment est-il devenu un tueur en puissance. La première partie du livre retrace la naissance de Bishop puis du "tueur en série" qu'il devient.

    J'ai trouvé ce début très prenant, bien construit, plein de noirceur. Le récit nous fait pénétrer directement l'âme humaine : une femme abusée par les hommes depuis son adolescence, puis violée peut-elle enfanter et élever un enfant sainement -un garçon de surcroît - un membre de cette gente masculine qu'elle méprise tant ? La réponse donnée dans ce roman est évidemment non. Après des années de mauvais traitements tant physiques que psychologiques, qui s'étonnera que le jeune garçon âgé d’à peine de 10 ans tue sa mère ? Qui s'étonnera qu'on le place dans un hôpital psychiatrique où il va passer les 15 prochaines années jusqu'à sa fuite ? Puis qu'il va rentrer dans un cycle destructeur, massacrant ses femmes qui le dégoûtent...

    Cette 1ère partie du livre est très accrocheuse et passionnante, on assiste à la naissance d'un tueur en série. Ça fait froid dans le dos. D'ailleurs cette partie du livre aurait très bien pu s'intituler "A l'intérieur du mal" tant on entre dans les méandres d’un pur esprit du mal…

    Bishop enfui, nous suivons sa traque à travers l’enquête policière, l’esprit même du tueur, mais aussi et c’est LE point original à travers la couverture qu’en font la les médias, les répercussions politiques et sociales. Le livre nous montre l’envers du décor, comment la machine se met en branle pour traquer un tueur en série. A partir de là, on alterne entre les différentes parties et c’est là qu’apparaît la première critique : il y a trop de personnages ! Franchement, c’était constamment « c’est qui celui-là déjà ? » tant les personnages sont nombreux. Très rébarbatif. L’auteur nous noie littéralement sous les informations, les points de vues, et, si au début cela semble intéressant, on s’en lasse vite. Personnellement, j’ai trouvé que toutes ses renseignements cassaient le rythme et que l’intrigue s’en ressentait. Au final, Stevens alourdit l’histoire sans raison et aurait pu réduire la longueur de son récit de beaucoup. De plus, cette façon de raconter enlève tout suspense à l’intrigue…

    Autre mauvais point : il y a beaucoup de scènes de tortures décrites assez crûment, et comme ce sont toujours des femmes qui en font les frais, c’était assez difficile à vivre. D’ailleurs, vous remarquerez qu’il n’y a aucun personnage féminin dans le livre malgré le nombre foisonnant de personnages (la seule figure féminine du livre, c’est la mère de Bishop, une folle sadique, décrite comme la pire des raclures de femme…) Sympa ! C’est une belle image de la femme qui est véhiculée ici : toutes des prostituées qui acceptent de coucher au premier coup d’œil, j’ai trouvé ça franchement choquant et dégueulasse…Je suis d’ailleurs étonnée que ce roman plaise autant aux femmes.

    A ce propos, je n’ai ressenti aucune empathie pour le tueur, qui ne regrette pas une minute ce qu’il fait et qui se prend pour un Dieu que personne ne peut ni arrêter, ni surpasser. Je ne comprends vraiment pas les autres bloggeurs qui se sont senti proche et/ou ont eu de la peine pour lui. Il faut quand même apprécier les tueurs mégalomanes !

    Une petite note sur le style tout de même, qui est très journalistique, beaucoup de discours rapporté et croyez-moi sur 900p c’est lassant à lire.